rechute

L'euphorie est redescendue. Je ne me lève plus avec un sourire aussi grand le matin. Les minutes ne se comptent plus de la même façon. C'est pourtant bête, je m'étais crue sortie à la fois de l'hiver et de toutes ces conneries qui m'embourbent la tête, ne me laissent pas respirer calmement. On ne se soigne jamais vraiment c'est ça ? Ou du moins la rémission n'a rien de rapide. Ce n'est pas parce qu'un jour le sourire se pointe à ta porte que les démons ont lâché la sonnette. Ca, je peux bien le comprendre.

I'm not human if you say I'm not.

Je ne veux pas parler de la maladie aux Autres. Pas dans ma bouche ces termes abjects. On ne se soigne pas de l'autisme, ils disent. Ah oui ? Regarde-moi. Tu ne la voies plus en moi la gamine apeurée des premiers jours. Bien sûr il y a les crises. Bien sûr pas les cachets. Mais je me suis sortie à pas de loups du monde dans lequel on s'enferme. Ne reste plus que les mots, ceux que les medecins veulent encore me donner, que je refuse sans cesse. Les miens aussi, qui ne résonnent pas dans les oreilles des Autres. Ils ne comprennent pas ce que mes mots veulent dire.

J'ai des poissons dans la tête. J'ai dit ça la dernière fois. Au milieu des tables de la cafétéria. Et les regards d'incompréhension sur mon visage. Quelle conne je fais, j'aurais bien du me taire. Je le sais pourtant, je le sens, quand les phrases n'ont plus de sens que pour moi. J'ai souri, ils ont cru un moment que c'était une idiotie que j'avais voulu glisser. Sourire. Retour tranquille à une conversation désuète.